lire le livre Psychothéâtre de Strindberg : Un auteur en quête de métamorphose

Pour guérir certains maux de l’esprit, Breuer et Freud mirent au point, à la fin du siècle dernier, une méthode qu’ils qualifièrent de cathartique : « Nous lui donnions pour but thérapeutique de ramener dans les chemins normaux, afin qu’elle puisse s’y écouler, la charge affective engagée dans des voies fausses et qui y était, pour ainsi dire, demeurée coincée. ». Plus tard, Freud apportera d’importantes innovations à cette méthode et lui donnera le nom de psychanalyse : « Je tins compte du nouvel état des choses en appelant cette méthode d’investigation et de guérison non plus catharsis mais psychanalyse ». On ne saurait mieux souligner les liens qui rattachent ainsi à la psychanalyse la fonction thérapeutique du théâtre telle qu’Aristote l’a définie. Mais sa notion de catharsis, par la force de l’usage, concerne surtout l’effet qu’une tragédie peut produire sur le spectateur. Il fallut bien, par la suite, trouver un autre terme pour parler des effets qui se font sentir sur les acteurs eux-mêmes, à l’occasion du « jeu » théâtral. C’est dans ce sens qu’un élève de Freud, le psychiatre viennois J.-L. Moreno, devait employer avec succès le mot de psychodrame. Dès lors, pouvait-on également attribuer ce nouveau terme aux effets que l’auteur lui-même éprouve, de son côté, lorsqu’il écrit un drame ? C’eût été risquer de donner une extension abusive au sens actuel de ce mot. Aussi avons-nous trouvé plus prudent de parler de psychothéâtre lorsque la relation thérapeutique s’établit entre le dramaturge et son œuvre.